Mettre de la joie dans sa méditation

Mettre de la joie dans sa méditation

par Céline Zimero

Lors d’une session avec des managers portant sur le thème du lâcher prise et du non-jugement, je partageais un conte métaphorique sur l’art de ne pas évaluer le caractère positif ou négatif des évènements, lorsqu’un participant me fit remarquer qu’il manquait quelque chose dans cette histoire : de la joie. Oui !!

Lorsque j’ai commencé la pratique de la méditation, je l’ai pris très au sérieux, et je ne doute pas que si je m’étais regardée à ce moment là, j’aurais découvert le visage grave et concentré de celle qui cherche à se recentrer, à dompter l’agitation mentale qui l’éloigne de « l’ici et maintenant ». Ajoutons à cela une dose résiduelle de bonne élève dont certains d’entre nous ont du mal à se séparer, et me voilà dans une absorption méditative plus austère que légère. 

J’ai heureusement eu la chance de suivre les enseignements de maîtres authentiques tibétains, qui m’ont transmis, avec la pratique de la méditation, ses fondements spirituels et philosophiques bouddhistes. La vision bouddhiste de la méditation est fondamentalement ancrée dans la joie. Un des premiers enseignements porte sur « la précieuse existence humaine » : se réjouir d’être pleinement vivant, et de rencontrer les circonstances qui nous permettent de faire grandir cette expérience humaine vers ce qui nous éveille et nous élève dans l’âme et le cœur. La possibilité qui nous est offerte de lui donner un sens. 

Comment pratiquer ?

Mettre de la joie dans sa pratique méditative, cela consiste d’abord à s’installer dans cette attitude intérieure. Assis en position de méditation, ressentant dans votre dos droit votre stabilité et votre verticalité, votre attention se porte sur le centre de votre poitrine. 

Icivous pouvez ressentir un sourire intérieur, qui s’accompagne d’une légèreté. Observez comme cela dédramatise instantanément ce qui vous semblait lourd. Faites en votre expérience personnelle. 

Mon instructrice MBSR (Mind-based stress reduction, une approche occidentale de la méditation, fondée par le médecin Jon Kabat Zinn), suggérait de s’aider d’un sourire léger sur ses lèvres. C’est très efficace : dans la pratique de la méditation, la posture du corps et la posture de l’esprit son reliées. Essayez de ressentir de la joie en vous installant le dos et les épaules courbés, en fronçant les sourcils, vous verrez tout de suite comment les deux sont intimement liés !  Observez comment le sourire intérieur (attitude intérieure) et extérieur (léger sourire sur les lèvres) transforment votre expérience de la méditation. 

Vous pouvez également pratiquer la respiration avec le cœur : pendant votre méditation, concentrez-vous sur la zone du cœur, et ressentez l’inspiration et l’expiration entrer et sortir par votre cœur, détendant ainsi cette zone, et en agrandissant l’espace au fur et à mesure des souffles. 

Une pratique d’une grande profondeur

Un souvenir réapparait dans mon esprit : les éclats de rire des Lama (maître spirituel) et Khenpo (Docteur en philosophie bouddhiste) lors de stages de méditation. Cela me faisait l’effet d’un grand ballon de « gravité » que l’on dégonfle d’un claquement de doigt, et qui dédramatise soudain tout avec une simplicité et une évidence déconcertante. C’est la simplicité et l’évidence de la joie pure. 

Rien de mièvre là-dedans : derrière ce qui peut sembler simpliste voire simplet est en réalité une pratique très profonde. 

Cultiver cette joie nous aide à garder le sens de l’humour sur nos tiraillements intérieurs, non pas par cynisme – que j’estime être le contraire du vivant et du respect de la vie – mais comme capacité à faire preuve de douceur et de bonté vis-à-vis de soi lorsque l’on observe avec honnêteté nos fragilités, crispations, imperfections. 

Chogyam Trungpa, et Pema Chödron, tous les deux maîtres du bouddhisme tibétain, et dont je vous recommande les ouvrages, parlent « d’entrer en amitié avec soi-même », fondé sur la reconnaissance de toutes les parties de soi sans préjugés ni jugements.  

Cette vision résonne pour moi, car je pense que la pratique de la joie dans la méditation est une porte d’entrée vers la douceur dont nous avons immensément besoin.

Quelques ressources inspirantes :

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